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« À Bout de Course – Le dernier dialogue »
Extrait, p. 227 et suivantes…
Je suis la fin de la course…
Réponse : Dans le Silence de votre Nature Véritable, acceptez de vous asseoir à même la poussière et les cendres de vos certitudes. Toute douleur peut se résorber dans l’Abandon. La grâce est imminente…
Question : Le coureur n’est plus, que manque t-il à ce cœur encore meurtri, afin qu’il ne se croit plus en devenir ?
R : L’éveillé est séparé du coureur par un fin cheveu transparent au travers duquel il voit celui dont il se sent le frère, si proche, conscient qu’ils sont tous deux au même endroit, au même moment.
Q : En écoutant ces derniers mots, je sens un déchirement terrible dans mon cœur, un flot d’images passées, fulgurantes, vient de me transpercer… Je ne sais quoi dire !
R : C’est le voile de la « séparation » qui se déchire, le vôtre, celui de milliards d’hommes à travers vous. Le coureur se retire, il projette une dernière fois la peur de l’éloignement. Il est cet être cher, universel et inconnu dont nous avons un souvenir irréel et qui agite une dernière fois la main dans la mémoire immortelle des hommes. Cesser la course est une autre séparation. Une nostalgie nous saisit parfois au moment de quitter ce qui doit être abandonné. Si, au moment d’abandonner ce corps que nous avons si longtemps pris pour nous-même, nous avons un frémissement, nous reconnaîtrons cette même nostalgie et repenserons à toutes ces choses que nous avons célébrées ensemble, à la tristesse qui saisit la petite personne lorsqu’elle se voit déchirée comme si une partie d’elle-même était irrémédiablement sectionnée. Nous nous souviendrons les uns des autres, comme notre Nature Véritable sait se souvenir de l’Unité des êtres. Nous serons au seuil d’être réellement ensemble. Vous êtes comme tous ceux qui ont fait le choix – ou qui ont laissé le choix se faire – de la sagesse. Et j’utilise ce dernier mot pour désigner tout autre chose que ce que le mental peut en faire. Le jaillissement sans principe ni morale restaure la Vie là où la pensée, crispée sur ces sillons, avait répandu la mort.
Q : Va t-il me falloir communiquer ce qui s’est produit ici ?
R : Etre. Ne rien être. Etre espace ouvert. Transmettre ce qui n’existe pas l’instant d’avant et n’existera plus l’instant d’après. Produire l’ouverture à partir de rien. Blanc de toute intention. Libre de toute destination. Sans projection. Dans l’espace de la présence ouverte naît une vérité éphémère dont le transmetteur n’est ni l’auteur ni le propriétaire… et le destinataire que le réceptacle (parfois inconscient) de sa propre origine…
Q : Oui.
R : Nos échanges ont maintenant le goût de la simplicité. La parole est émise et reçue avec un même cœur. Q : Je me sens plus proche du sens que des mots à présent.
R : Jusque-là, vous regardiez un millimètre à côté de ce qui vous était montré, à chaque fois. Et cela suffisait pour que nous ne parlions pas de la même chose. Mes mots ne disaient que : « Je vous attends à un millimètre ! ».
Q : Franchir ce millimètre encore illusoire dans sa distance est le chemin que je poursuivais à grandes enjambées loin de moi-même…
R : Je suis un peu comme cet homme, vous savez, celui qui montre la lune avec son doigt. L’homme a souvent montré la lune et il connaît les chercheurs qui lui demandent de la voir. Il connaît leurs complications. Il dit : « Ne regardez pas le doigt qui montre la lune, voyez la lune qu’il pointe ! ». Mais, inévitablement, il y en a toujours un qui demande : « Pourquoi dites-vous doigt et pas « index » ? ».
Q : Il me semble avoir toujours eu conscience de cela et avoir feint en même temps de ne pas le voir ! Il reste encore tant de questions…
R : Accueillez le mystère, l’irrésolu…
Q : J’ai parcouru un espace infini sans bouger, et ce mouvement qui me rapproche de moi-même semble pourtant sans fin, comme s’il y avait toujours une marche de plus à descendre, toujours une de plus sans que cela puisse être assimilé à la course.
R : Il y a toujours une marche à descendre. Cela n’est pas un constat d’échec mais celui de la Descente Eternelle vers Soi, qui est une Joie. Descendre signifie « simplifier », toujours simplifier.
Q : Où êtes-vous… vous fermez les yeux ?
R : Je suis au plus près. Assis au bord du torrent, avec vous, dans la contemplation muette et joyeuse de ce qui ne bouge pas au cœur de ce qui bouge.
Disponible uniquement en format PDF
240 pages
ISBN 2914800211 • EAN 9782914800211
Edition papier (épuisée) : octobre 2002 ; numérique : janvier 2011
Prix de vente public TTC : 5,00 €
Auteur : Thierry Vissac – Dessin © Joël Vissac
© Éditions LPV 1999-2024 – www.la-parole-vivante.com